Une fiction originale s’insinue dans ce documentaire. Les deux héros d’une rencontre amoureuse (Constance Dollé et Hervé Pauchon) s’efforcent de tout savoir sur Jacques Tati, à partir d’un geste furtif de « Play Time« . En cours de route, ils apprennent à quel point l’observation et la stylisation furent les maîtres mots de Tati, qui avait appris l’épure du geste au music-hall et sa remise en cause permanente devant le spectateur. Transposée au cinéma, cette double exigence lui a inspiré une œuvre des plus originales et denses du cinéma mondial. Même si elle n’a pu s’accomplir qu’en 6 longs métrages sur 30 ans…

Chez Tati, le geste s’entend au sens large. Il s’inscrit autant par le jeu que dans le cadre, par l’espace que dans le son. Mais il implique son public comme nul autre, au point de transformer à jamais notre regard sur le monde. Qu’ils aient écrit sur son oeuvre (Marc Dondey et Jean-Philippe Guérand), qu’ils prolongent sa mémoire (Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps), qu’ils aient été ses témoins directs (Michel Francini) ou restent éblouis par son art (Pierre Richard ou Patrice Leconte), tous témoignent de la singularité indémodable de Tati, qui nous fait rire tout en nous apprenant à voir.